Le Parc des Roches

Harmonie entre le végétal et le minéral


Historique
La représentation la plus ancienne du Parc des Roches date de 1758 et laisse supposer qu'il s'agissait initialement d'une carrière.
La partie qui correspond aujourd'hui à l'entrée était occupée par le jardin du Sieur Procureur. En 1759, l'entrepreneur Sébastien Theuvenin dit Lajeunesse crée sur ce site une école de taille de pierre. Les apprentis vont alors monter des voûtes, des ponts ou embellir des niches en utilisant des moellons de pierre bien équarris et en les assemblant de façon admirable.
Dès 1817, Joseph Hyacinthe Mutel (1772-1859) achète le jardin du Sieur Procureur. Ce géomètre-arpenteur né à Bourmont et dont il sera maire de 1949 à 1849, agrandit cet espace en rachetant en 1820 à M. Souvignon, héritier de P. Lajeunesse, la parcelle des Roches proprement dite. Pendant près de trente ans, il va acquérir les terrains voisins et poursuivre son œuvre de paysagiste.
Ce géomètre-arpenteur né à Bourmont et dont il sera maire de 1949 à 1849, agrandit cet espace en rachetant en 1820 à M. Souvignon, héritier de P. Lajeunesse, la parcelle des Roches proprement dite. Pendant près de trente ans, il va acquérir les terrains voisins et poursuivre son œuvre de paysagiste. Dans cet espace orienté au Sud et vierge de toute végétation, il fait planter des essences forestières (tilleuls, hêtres, frênes, chênes, ormes...), des conifères (sapins, ifs, Cephalotaxus) et même des arbres fruitiers dont il ne reste rien aujourd'hui. Il tire parti des roches naturelles mais aussi des constructions réalisées par les élèves tailleurs de pierre. Des murets, des rampes, des escaliers et des caves voûtées sont ainsi élevées ou surélèvent les travaux des apprentis. La différence de facture est très nette : les blocs utilisés au XIXe siècle sont plus grossiers, les lits moins réguliers.
Les derniers travaux entrepris par J.H. Mutel datent de 1851 et ont consisté à aménager le sentier du haut des Roches. La première profession de ce paysagiste hors-pair lui a permis de réaliser des plans précis et bien renseignés (toutes les roches, les sentiers, les allées y sont ainsi nommés) qui nous permettent aujourd'hui de mieux comprendre l'évolution du parc. Après la mort de J.H. Mutel, le 15 janvier 1859, ses héritiers vont conserver le parc sans vraiment l'entretenir. La végétation va pousser, les murs s'abîment et la composition se brouille.
Le Parc des Roches est racheté en 1991 par la municipalité qui l'ouvre alors au public; l'intérêt historique et paysager du site a permis de le faire classer au titres des sites naturels en 2009.
Le Parc des Roches, un parc pittoresque...
La période pittoresque succède au Classicisme, époque où la nature ordonnancée et maîtrisée donne le jour à des jardins réguliers et géométriques. Ces compositions qui, jusqu'aux années 1760 donnent l'impression à l' Homme de dominer l'univers, vont le lasser et il éprouvera bientôt le besoin de retrouver une nature sauvage et dangereuse qui fasse davantage écho à sa sensibilité. Étymologiquement parlant,
pittoresque signifie « digne d'être peint » et ce sont en effet des peintres comme Hubert Robert (1735-1808) qui jouent un rôle déterminant dans l'émergence de ce nouvel art des jardins. Peintre du roi Louis XIV qui le nomme Premier Jardinier, il sera chargé de concevoir la plupart des parcs pittoresques d' Île-de-France. Il les conçoit comme une série de tableaux que le promeneur découvre chemin faisant, où l'architecture et le paysage se mêlent pour créer des scènes poétiques dans lesquelles fabriques et essences rares se succèdent.
Le Parc des Roches est surplombé au Nord par la promenade du Côna : ce double alignement de tilleuls taillés évoque la volonté humaine de maîtriser la Nature. Comme un contre-pied au classicisme, J.H. Mutel va tirer parti des hautes falaises et des blocs qui s'en sont détachés pour créer un parc ruiniforme. S'appuyant sur les éléments naturels existants, il invente un lieu plein de poésie où des murs, des escaliers et des voûtes se fondent dans les failles, se greffent sur les parois ou rehaussent la falaise. Ces assemblages en pierres sèches d'une grande qualité forcent l'admiration mais ne briment pas le visiteur dans son imaginaire. En effet, l'absence de référence stylistique ou de décor le laisse libre de créer son propre univers. La composition même du parc permet au promeneur de se laisser aller à la rêverie : attiré par un belvédère ou une cadole lovée sous le lierre, ou sollicité par un escalier, il chemine au gré de ses envies. Mais très vite, il est confronté à sa propre fragilité par la Roche Tremblante qui le domine ou par ces belvédères qui ménagent des vues spectaculaires. L'implantation du site (fermé au Nord par la falaise et formant belvédère au Sud) permet de ménager tour à tour des espaces repliés sur eux-mêmes ou ouverts sur la vallée de la Meuse. La végétation est alors utilisée pour mettre en valeur ponctuellement des aperçus et des échappées qui renouvellent l'intérêt de la promenade.
Par ce travail subtil, J.H. Mutel propose un voyage où l'intime alterne avec le sublime, touchant sans réserve l'âme du promeneur.
Texte : Marc Lechien, Architecte Paysagiste, Directeur du Conseil d'Architecture d'Urbanisme et d'Environnement, et d'Elise Sornin Architecte Paysagiste
INFORMATIONS POUR LA VISITE :
Le Parc des Roches est libre d'accès au public. Les chemins praticables en toutes saisons permettent une ballade sans difficultés particulières. L'entrée du Parc est situé chemin de la Monelle. Un simple aperçu vous prendra un quart d'heure, une visite complète en traversant entièrement le Parc et en revenant par la promenade du Côna où vous découvrirez le Calvaire et les tilleuls tricentenaires vous prendra une heure et demie.
Une visite guidée de la Ville de Bourmont et du Parc des Roches est possible sur demande pour des groupes, durée 3 Heures, adressez-vous à la Mairie tél. 03 25 01 16 46
